Monsieur Hutter, comment se portent les garagistes suisses ?
De manière globale, la branche automobile suisse s'est plutôt bien portée sur le marché malgré une situation concurrentielle difficile due à la grande diversité des modèles, à la forte densité des véhicules, aux changements affectant les conditions cadres légales, à la numérisation galopante ou, plus généralement, aux changements structurels, pour ne citer que quelques exemples. Comme dans la plupart des autres branches, les cas présentent une grande diversité et dépendent de facteurs comme la taille de l'entreprise ou la structure des coûts. Pour de nombreux garages, la thématique de la numérisation et de l'électrification, qui prend de plus en plus d'ampleur, ainsi que les successions à venir, donnent lieu à certaines incertitudes concernant leur futur positionnement stratégique.
On lit dans le reflet de la branche de FIGAS que le rendement sur capital des concessionnaires de marques a atteint 4,9 % en moyenne. Est-ce une valeur satisfaisante à vos yeux ?
Au cours de ces cinq dernières années, cette valeur est passée de 2,6 à 4,9 % : l'évolution va donc dans la bonne direction, c'est certain. Ce chiffre est solide, mais là aussi, un fossé sépare certaines entreprises. Dans l'ensemble, la rentabilité pourrait être améliorée, mais le résultat d'une entreprise dépend fortement de la réalisation des objectifs par les importateurs. Aujourd'hui, les entreprises de taille moyenne sont celles qui doivent lutter le plus. Les grandes entreprises peuvent améliorer leur structure de coûts par des mesures telles que la centralisation des tâches administratives ou l'amélioration des conditions d'achat. Les petites entreprises ont souvent une organisation très rationnelle, ce qui a également un effet positif sur leur rentabilité. Cela dit, la question du rendement doit être évaluée au cas par cas, et dépend de différents facteurs comme les exigences des constructeurs en matière de normes ou les décisions individuelles du concessionnaire en matière d'investissements. Enfin, le personnel est aussi un facteur décisif de succès ou d'échec.
Que conseillez-vous aux garages dont le rendement sur capital est insuffisant ?
Pour l'améliorer, on peut par exemple réduire les fonds propres, soit en versant des dividendes, soit en remboursant le capital. Cependant, ce n'est possible que si les coûts d'emprunts sont inférieurs aux coûts du capital total. Il convient en outre de veiller à conserver un équilibre sain entre les capitaux de tiers et les fonds propres afin d'éviter toute mauvaise surprise dans les conditions de crédit. En vue d'une succession aussi, il peut être judicieux de réduire selon les cas les fonds propres, de manière à diminuer la valeur de l'entreprise pour son financement par un acheteur potentiel.
Les données figurant dans le reflet de la branche de FIGAS proviennent d'entreprises qui ont, pour la vente, un contrat de vente direct avec un importateur. Mais quelle est la situation des garagistes indépendants et des entreprises affiliées à un concept de garage ?
Pour eux, le reflet de la branche est un instrument informatif, qui leur montre la fourchette dans laquelle le secteur évolue. Aucune autre publication de la branche ne permet cette comparaison. Le reflet de la branche aide les garagistes à adopter un regard critique sur leur propre entreprise, à analyser leurs propres atouts et faiblesses et à prendre les mesures qui s'imposent. Nous constatons régulièrement que les petites entreprises surtout manquent souvent d'instruments de contrôle adéquats.
Une question de fond sur le reflet de la branche : vous indiquez une grande quantité de chiffres pour chaque secteur d'activité d'un garage. Comment un garagiste doit-il appréhender ces moyennes ?
Pour la gestion stratégique et le succès durable d'une entreprise, il est important de connaître et d'analyser les évolutions et les chiffres économiques clés. Le reflet de la branche permet de comparer sa propre entreprise avec celles de ses concurrents en termes de valeurs moyennes. Nous recommandons de discuter des analyses avec un professionnel puis de définir un positionnement adéquat et de le mettre en oeuvre au sein de son entreprise.
La branche automobile est en pleine mutation. Quelles entreprises survivront, et lesquelles connaîtront des difficultés ces prochaines années ?
D'une part, les petites entreprises auront vraisemblablement davantage de peine à suivre le rythme des évolutions techniques très rapides. D'autre part, la majeure partie des véhicules continueront d'être dotés de moteurs à combustion qu'il faut entretenir : il s'agit là d'une opportunité pour les petits garagistes et les garages indépendants. Aujourd'hui déjà, les propriétaires de voitures qui ne sont plus toutes neuves ne vont pas forcément chez un concessionnaire de marque, mais souvent chez un garagiste indépendant, ou un garage affilié à un concept. De manière générale, les entreprises qui connaîtront des difficultés sont celles qui ne parviendront pas à trouver une main-d'oeuvre adéquate, ou qui ne prêteront pas assez attention à la formation et au perfectionnement.
Dans le commerce des voitures neuves, FIGAS conseille « d'unir les efforts » pour atteindre les objectifs des importateurs en matière de volumes. Le processus de concentration se poursuivra-t-il dans la branche automobile suisse ?
Depuis plus de 30 ans, la part de voitures neuves se situe au même niveau. Cependant, nous prévoyons une transformation de la branche automobile plus dynamique et rapide que par le passé : on parle « d'environnement dynamique » ou de « marché d'éviction ». Il deviendra de plus en plus important d'atteindre les objectifs des constructeurs. Ainsi, il est imaginable, voire prévisible, que la concentration au sein de grands groupes de concessionnaires se poursuivra. Je pense à des centres de compétences régionaux dans des domaines comme l'électrification, l'administration, la formation ou la logistique. Nous constatons aussi depuis peu que des investisseurs étrangers commencent à s'implanter dans la branche automobile en Suisse. Pour les PME, toute la difficulté sera de parvenir à faire les investissements nécessaires elles-mêmes, sans quoi il leur sera plus profi table de s'associer pour bénéficier d'effets de synergie. À plus ou moins long terme, les petites entreprises pourraient quitter le marché des voitures neuves et s'affilier à un concept d'atelier.
Les recettes issues des travaux d'atelier n'ont cessé d'augmenter depuis 2014. Les bénéfices bruts dans le domaine de l'après-vente ont progressé eux aussi. Quand l'électrification fera-t-elle pâlir ces chiffres ?
Cela dépend de différents facteurs, mais en premier lieu, bien sûr, de l'évolution de la part de marché des véhicules électriques, elle-même influencée par l'approvisionnement électrique disponible, la politique des transports et les mesures politiques incitatives. La mobilité électrique connaîtra certainement un essor prochainement, mais à côté des véhicules « tout électriques », nous verrons apparaître un nombre croissant de véhicules hybrides. Outre leur moteur électrique, ces véhicules possèdent toujours un moteur à combustion devant être entretenu. Nous partons de l'hypothèse que le moteur à combustion restera encore longtemps la technologie dominante. La mobilité électrique prendra-t-elle un jour complètement le dessus, et quand ? C'est impossible à dire aujourd'hui. Néanmoins, le gros défi des garages consistera à s'adapter et à embaucher les professionnels adéquats. Aujourd'hui, l'avancée de l'électrification fait disparaître certains postes qui généraient des marges importantes comme les huiles moteur ou différentes pièces de rechange : il faut donc développer de nouveaux champs d'activité pour les compenser. Mais avant d'en arriver là, des sujets comme la réduction des coûts ou l'optimisation des structures d'achat et de vente continueront à jouer un rôle croissant.
Commande reflet économique de la branche automobile suisse 2019
Magazine: AutoInside
De manière globale, la branche automobile suisse s'est plutôt bien portée sur le marché malgré une situation concurrentielle difficile due à la grande diversité des modèles, à la forte densité des véhicules, aux changements affectant les conditions cadres légales, à la numérisation galopante ou, plus généralement, aux changements structurels, pour ne citer que quelques exemples. Comme dans la plupart des autres branches, les cas présentent une grande diversité et dépendent de facteurs comme la taille de l'entreprise ou la structure des coûts. Pour de nombreux garages, la thématique de la numérisation et de l'électrification, qui prend de plus en plus d'ampleur, ainsi que les successions à venir, donnent lieu à certaines incertitudes concernant leur futur positionnement stratégique.
On lit dans le reflet de la branche de FIGAS que le rendement sur capital des concessionnaires de marques a atteint 4,9 % en moyenne. Est-ce une valeur satisfaisante à vos yeux ?
Au cours de ces cinq dernières années, cette valeur est passée de 2,6 à 4,9 % : l'évolution va donc dans la bonne direction, c'est certain. Ce chiffre est solide, mais là aussi, un fossé sépare certaines entreprises. Dans l'ensemble, la rentabilité pourrait être améliorée, mais le résultat d'une entreprise dépend fortement de la réalisation des objectifs par les importateurs. Aujourd'hui, les entreprises de taille moyenne sont celles qui doivent lutter le plus. Les grandes entreprises peuvent améliorer leur structure de coûts par des mesures telles que la centralisation des tâches administratives ou l'amélioration des conditions d'achat. Les petites entreprises ont souvent une organisation très rationnelle, ce qui a également un effet positif sur leur rentabilité. Cela dit, la question du rendement doit être évaluée au cas par cas, et dépend de différents facteurs comme les exigences des constructeurs en matière de normes ou les décisions individuelles du concessionnaire en matière d'investissements. Enfin, le personnel est aussi un facteur décisif de succès ou d'échec.
Que conseillez-vous aux garages dont le rendement sur capital est insuffisant ?
Pour l'améliorer, on peut par exemple réduire les fonds propres, soit en versant des dividendes, soit en remboursant le capital. Cependant, ce n'est possible que si les coûts d'emprunts sont inférieurs aux coûts du capital total. Il convient en outre de veiller à conserver un équilibre sain entre les capitaux de tiers et les fonds propres afin d'éviter toute mauvaise surprise dans les conditions de crédit. En vue d'une succession aussi, il peut être judicieux de réduire selon les cas les fonds propres, de manière à diminuer la valeur de l'entreprise pour son financement par un acheteur potentiel.
Les données figurant dans le reflet de la branche de FIGAS proviennent d'entreprises qui ont, pour la vente, un contrat de vente direct avec un importateur. Mais quelle est la situation des garagistes indépendants et des entreprises affiliées à un concept de garage ?
Pour eux, le reflet de la branche est un instrument informatif, qui leur montre la fourchette dans laquelle le secteur évolue. Aucune autre publication de la branche ne permet cette comparaison. Le reflet de la branche aide les garagistes à adopter un regard critique sur leur propre entreprise, à analyser leurs propres atouts et faiblesses et à prendre les mesures qui s'imposent. Nous constatons régulièrement que les petites entreprises surtout manquent souvent d'instruments de contrôle adéquats.
Une question de fond sur le reflet de la branche : vous indiquez une grande quantité de chiffres pour chaque secteur d'activité d'un garage. Comment un garagiste doit-il appréhender ces moyennes ?
Pour la gestion stratégique et le succès durable d'une entreprise, il est important de connaître et d'analyser les évolutions et les chiffres économiques clés. Le reflet de la branche permet de comparer sa propre entreprise avec celles de ses concurrents en termes de valeurs moyennes. Nous recommandons de discuter des analyses avec un professionnel puis de définir un positionnement adéquat et de le mettre en oeuvre au sein de son entreprise.
La branche automobile est en pleine mutation. Quelles entreprises survivront, et lesquelles connaîtront des difficultés ces prochaines années ?
D'une part, les petites entreprises auront vraisemblablement davantage de peine à suivre le rythme des évolutions techniques très rapides. D'autre part, la majeure partie des véhicules continueront d'être dotés de moteurs à combustion qu'il faut entretenir : il s'agit là d'une opportunité pour les petits garagistes et les garages indépendants. Aujourd'hui déjà, les propriétaires de voitures qui ne sont plus toutes neuves ne vont pas forcément chez un concessionnaire de marque, mais souvent chez un garagiste indépendant, ou un garage affilié à un concept. De manière générale, les entreprises qui connaîtront des difficultés sont celles qui ne parviendront pas à trouver une main-d'oeuvre adéquate, ou qui ne prêteront pas assez attention à la formation et au perfectionnement.
Dans le commerce des voitures neuves, FIGAS conseille « d'unir les efforts » pour atteindre les objectifs des importateurs en matière de volumes. Le processus de concentration se poursuivra-t-il dans la branche automobile suisse ?
Depuis plus de 30 ans, la part de voitures neuves se situe au même niveau. Cependant, nous prévoyons une transformation de la branche automobile plus dynamique et rapide que par le passé : on parle « d'environnement dynamique » ou de « marché d'éviction ». Il deviendra de plus en plus important d'atteindre les objectifs des constructeurs. Ainsi, il est imaginable, voire prévisible, que la concentration au sein de grands groupes de concessionnaires se poursuivra. Je pense à des centres de compétences régionaux dans des domaines comme l'électrification, l'administration, la formation ou la logistique. Nous constatons aussi depuis peu que des investisseurs étrangers commencent à s'implanter dans la branche automobile en Suisse. Pour les PME, toute la difficulté sera de parvenir à faire les investissements nécessaires elles-mêmes, sans quoi il leur sera plus profi table de s'associer pour bénéficier d'effets de synergie. À plus ou moins long terme, les petites entreprises pourraient quitter le marché des voitures neuves et s'affilier à un concept d'atelier.
Les recettes issues des travaux d'atelier n'ont cessé d'augmenter depuis 2014. Les bénéfices bruts dans le domaine de l'après-vente ont progressé eux aussi. Quand l'électrification fera-t-elle pâlir ces chiffres ?
Cela dépend de différents facteurs, mais en premier lieu, bien sûr, de l'évolution de la part de marché des véhicules électriques, elle-même influencée par l'approvisionnement électrique disponible, la politique des transports et les mesures politiques incitatives. La mobilité électrique connaîtra certainement un essor prochainement, mais à côté des véhicules « tout électriques », nous verrons apparaître un nombre croissant de véhicules hybrides. Outre leur moteur électrique, ces véhicules possèdent toujours un moteur à combustion devant être entretenu. Nous partons de l'hypothèse que le moteur à combustion restera encore longtemps la technologie dominante. La mobilité électrique prendra-t-elle un jour complètement le dessus, et quand ? C'est impossible à dire aujourd'hui. Néanmoins, le gros défi des garages consistera à s'adapter et à embaucher les professionnels adéquats. Aujourd'hui, l'avancée de l'électrification fait disparaître certains postes qui généraient des marges importantes comme les huiles moteur ou différentes pièces de rechange : il faut donc développer de nouveaux champs d'activité pour les compenser. Mais avant d'en arriver là, des sujets comme la réduction des coûts ou l'optimisation des structures d'achat et de vente continueront à jouer un rôle croissant.
Commande reflet économique de la branche automobile suisse 2019
Magazine: AutoInside